Veut defoncer la cafet' -PV Armie-

[Ne fais pas la même erreur que Yuyu :p Jesse n'existe pas. ]

-LÀ! La personne n'a pas encore avancé! Tu peux lui chiper sa place!

-Merci Jesse, je souffle entre mes dents pour que personne ne m'entende.

-Tout le plaisir est pour moi.

Je me faufile discrètement dans la file en jouant des coudes. Personne ne proteste, et je prends rapidement la place du pauvre type un peu discret. Ben ça me fait trois mètres de moins avant d'être servie. Si les gens savaient que les anges gardiens nous aident dans les files d'attente, plusieurs seraient assez surprit. Je regarde en avant. Trois mètres c'est bien peu comparé à ce qui reste devant. J'aurais du suivre ma première idée et jeûner. Ça aurait été moins long que d'attendre avec cette foule de gens plus pathétiques et idiots les uns que les autres. Je pousse un profond soupir. Oh et puis tant qu'à me faire chier… Je me prépare à bousculer un peu tout le monde pour me retrouver en tête de queue, mais mon élan est stoppé par une fille avec des cheveux roses – berk, ce doit être la plus répugnante couleur au monde – qui a eu la même idée que moi et qui manque de me faire tomber en pleine face par terre.

-Non mais quelle garce! je m'écrie.

-Laisse-moi te rappeler que t'allais faire la même chose.

Je bougonne. Mais alors que la file se reforme, je décide de profiter de cette diversion pour me glisser dans le sillage du bulldozer couleur bonbon. Elle commande bien sûr avant moi, mais ce n'est pas long avant que je ressorte à mon tour de l'habitacle de la cafet' avec un plateau dans les mains. Oh mais sur qui je tombe, comme par hasard à ma sortie? Sur cette brute épaisse qui ne pense qu'à être servie avant les autres! Apparemment, elle ne sait pas où s'asseoir. Un coup d'œil à la salle et je me retrouve dans la même situation qu'elle. Hmmm… Une idée me vient à l'esprit. Comme elle a l'air encore moins commode que moi, elle doit avoir à peu près les mêmes passe temps que moi. Je m'approche en faisant claquer mes grosses bottes.

-Hey. Tu vois les deux p'tits de première année à cette table? je dis en pointant à notre gauche. Je parie qu'on peut leur faire peur et prendre leur place.

Comment faire peur à de jeunes gens innocents? Facile. On s'assoit à côté d'eux et on parle de choses douteuses. Et en plus, on leur demande leur avis. Je l'ai fait des centaines de fois, toute seule. Ça doit être encore plus amusant à deux.

Je note avec un amusement certain que mon interlocutrice a l'air aussi enjoué que moi à l'idée d'effrayer de pauvres innocents. Après tout, elle et moi avons un style semblable, un style désapprouvé par la plupart des petits pédants de cette école. Même avec l'uniforme imposé, je sais afficher ma différence, principalement avec mes abondants piercings, mes cheveux hirsutes mal peignés comme ceux d'une sorcière et les multiples déchirures à mes vêtements, dont une particulièrement amusante au niveau de l'aine. Et d'après ce que je note de cette fille, elle est aussi douée que moi pour se faire remarquer et faire tourner les têtes sur son passage. La preuve étant que même moi, la sorcière du bahut, ai détourné la tête vers elle pendant quelques instants.

-Armie… Tu es ridicule, me dit Jesse en souriant.

Oh pas la peine de faire ta vierge offensée. Ton sourire en dit long. Tu as autant envie que moi que j'aille terroriser ces idiotes. N'essaies pas de me faire croire le contraire. Je te connais trop pour cela. La jeune fille aux cheveux roses – c'est important de rappeler ce détail irritant – me pointe trois jeunes demoiselles à une table. Elles sont l'air chaste, pur et facile à traumatiser. Ouais. Des cibles parfaites.

-Elles sont parfaites, je glisse, un large sourire éclairant mon visage clair. Allez viens.

Je l'entraîne à ma suite et on se fraie un chemin dans la masse d'étudiants. Je pose sans douceur mon plateau sur la table et pousse une des filles pour avoir un peu plus de place pour poser mon divin popotin. En m'exécutant, un peu du lait de la fille se renverse. Oh la pauvre. Je souris et quand ma complie est elle aussi bien installée, je lance la conversation.

-Donc comme je te disais, c'est après ça que j'ai découvert que ce n'était pas si horrible de se faire prendre par derrière. – je tourne la tête vers les demoiselles qui nous observent – Eh dîtes vous trois. Vous avez des têtes de filles qui ont déjà essayé l'anal. Vous en pensez quoi?

Je leur fait un grand sourire, comme si cette conversation était des plus banales. Mais je constate avec satisfaction que leur visage est blême. Je regarde discrètement la fille en face de moi. Je lui laisse l'honneur de les achever.

J'observe avec une attention toute particulière le manège de ma complice. Elle se débrouille bien. Sans doute qu'elle a déjà fait ça avant. C'est un truc plutôt banal, il faut l'avouer, mais bon. Les classiques sont là pour durer et ne se démodent jamais. Surtout s'il s'agit de faire un enfer de la vie des autres. Je l'écoute, comme si je savais de quoi elle parlait, quand elle parle d'un type s'appelant Kankuro. Hmm… S'il existe pour vrai, je pourrais aller le voir. Ça fait un moment que je n'ai pas consommé. Bien que ça ne me manque pas particulièrement. Elle change de sujet, me parle d'une baston qui a "eu lieu la veille". Je m'empresse d'ajouter mon petit grain de sel, même si les filles sont déjà en train de ramasser leurs affaires pour s'enfuir. .

-Ouais je te le fais pas dire. Ça fait longtemps qu'on n'a pas eu droit à une vraie bataille, tu sais quand un des deux types perd un membre? Ça c'était le bon temps.

Je suis du regard nos pauvres victimes qui sortent de la cafétéria. Oh ce qu'elles sont gentilles. Elles ont laissé un plateau. Je ramasse une pomme rouge et deux biscuits au chocolat. J'offre l'un deux à la fille devant moi et mord à belle dent dans la pomme. Hmm… Croquante à souhait. Dommage qu'elle soit entamée. Ça m'en aurait fait plus. M'enfin. Je vais me contenter de ça. Je regarde à côté. Jesse vient de prendre la place d'une des filles, sa main est posée sur mon épaule. Son sourire en dit long sur son état d'esprit.

-Bien joué Armie. Tu vois, ça peut être bien le travail d'équipe parfois.

Je me retiens de lui faire la grimace. Ce serait étrange du point de vue des gens autour de moi. Je concentre à nouveau mon attention sur l'adolescente. – ainsi que sur ma pomme -

-Au fait, je m'appelle Armie, je dis. Je crois pas qu'on se soit déjà parlé.

"Moi c'est Linh."

Linh… Ça me dit quelque chose. Oh oui, je vois. Linh Kameo si je ne me trompe pas. Ils parlaient d'elle chez la directrice hier quand je suis allée. Mais bon, c'est sans grand intérêt pour moi de connaître son nom de famille, à moins que j'aie l'intention de m'en servir un jour.

"Non, j'suis arrivée y'a à peine deux jours."

Oh c'est du tout nouveau stock cette fille alors. Ça peut expliquer pourquoi les profs parlaient d'elle. Ou alors, elle avait été vraiment détestable dans sa première journée. Ça m'avait fait ça à moi aussi. Disons que je ne suis pas vraiment très aimée de tout ce qui respire dans cette foutue école. Mais ça fait bien mon affaire.

"Ca fait longtemps que t'es dans c'trou à rats?"

Longtemps? Elle veut rire? Je me remémore mon arrivée, en première année. Mes parents avaient voulu que je sois bien encadrée, ce qui n'est pas vraiment le cas puisqu'aucun prof ou membre du personnel ne prend soin de moi. Remarque que ça fait bien mon affaire qu'on me fiche la paix. La psychologue m'a suivie pendant quelques moi, puis quand j'ai été en âge de refuser les rendez-vous, elle a abandonné. Elle continue toutefois de m'envoyer des convocations une ou deux fois par année, au cas où je changerais d'avis.

-Je suis ici depuis le début. Ouais je sais, c'est chiant, mais j'ai été absente pendant un long moment pendant une année, pour cause de maladie, alors on peut enlever six mois à ma peine, je dis en riant.

Je ne devrais pas rire, je songe. Ces six mois avaient été les pires de ma vie, enfermée dans cet asile blanc. Je ferme les yeux. Contrairement à tout le monde, pour moi, la noirceur ou l'absence de lumière est blanche. Ça continue de me hanter. Je fais des cauchemars toutes les nuits, des cauchemars d'immensité blanche. Avec mélancolie, je termine mon cookie et boit un peu de jus – qui a d'ailleurs un très mauvais goût.

-Mais bon, pourquoi parler de notre emprisonnement quand on peut sortir quand on veut? Pas vrai?